OS Saint Valentin
Lani
- Meg ? C’est toi ?
Elle sursauta.
- Dick ?
- Et oui, comme tu vois …
Elle était surprise : surprise qu’il fasse déjà si sombre, surprise que Dick soit à la plage à cette heure là un soir de Saint Valentin.
Elle lui sourit.
Il s’accroupit à sa hauteur et la détailla, un sourire amusé aux lèvres :
- Tu as cramé fit-il en lui caressant la joue.
Elle eut le réflexe de porter sa main à sa joue, leurs doigts s’effleurèrent.
- Il va falloir que tu mettes de la crème.
- Merci pour le conseil beauté… Que viens-tu faire par ici ?
- Me promener et il faut croire te retrouver ?
Elle rit et pencha la tête en arrière. Sacrée conversation…
- Tu n’as pas d’autres projets pour ce soir ? Où peut être qu’il est trop tôt …
- Plus de projet, non …
Elle était intriguée.
Il l’aida à se relever et se plaça devant elle :
- Et toi que fais-tu là ?
- Rien de plus que ce que tu as vu …
- Tu n’es pas avec …
Elle l’interrompit :
- Non, plus … Ne me regarde pas comme cela, fit-elle en souriant. J’ai repris ma liberté, sur tous les plans avant qu’il soit trop tard.
Elle sauta à pieds joints dans les vagues qui venaient s’échouer sur la plage. Elle faisait des petits sauts puis s’arrêta net, il la regardait. Elle devinait son sourire, ses traits mais ne distinguait pas ses yeux.
- Vous me prenez pour une folle monsieur Casablancas ?
- Non mademoiselle Manning, j’apprécie ce que vous me dévoilez, répondit il en s’approchant.
Il lui tendit la main pour qu’elle sorte de l’eau. Elle accepta.
- Tu veux que je te raccompagne ?
- Ne t’inquiète pas, j’habite à même pas 5 minutes…
- Tu as déménagé ?
- Tu vois le bâtiment là bas ?
- Celui avec les baies vitrées ?
- Oui, je vis là, dans un appart.
Il ne cachait pas sa surprise.
- Toute seule ?
- Oui, comme une grande !
Il se demandait ce que cela signifiait. Il avait plongé son regard dans le sien mais il n’y voyait que cette lueur malicieuse. Celle qui avait déjà attiré son attention trois semaines plus tôt et qui le hantait.
Elle le prit par le bras, le tirant de sa rêverie :
- Alors dis-moi la vérité, quel projet a le grand Dick pour profiter de sa soirée de la Saint Valentin ?
- Rien de spécial … Je te l’ai dit.
- Rhoooo, ça me parait fou ! Et ton image de marque alors ?!
Elle le sentit se crisper et prendre un peu de distance.
- Que devrais-je dire après t’avoir trouvé là et vu bondir dans les vagues comme si tu avais 5 ans !
- Je t’ai vexé ? demanda t elle d’une voix douce.
- Mais non, Dick is Dick.
Le cœur n’y était pas. Elle posa sa main sur son bras.
- Hey ! Ne te carapate pas. Raccompagne moi plutôt, c’était une bonne idée finalement…
Elle se retint de préciser qu’elle avait aperçu Duncan au loin. Son ex petit ami. S’il fallait elle irait volontiers jusque sur la lune pour le fuir.
Dick passa son bras sur ses épaules, elle était frigorifiée, il le lui fit remarquer, elle lui tira la langue. Il secoua la tête en riant et ils prirent la direction de l’appartement.
Arrivée à proximité de l’entrée, une voix hargneuse les apostropha :
- Je savais bien que tu n’étais qu’une salope toi aussi ! Une belle salope qui prend sans rien donner !
Dick se retourna pour affronter l’importun.
- Duncan ? Ca ne va pas non ?!!!
- Quoi Casablancas ? Je ne t’ai pas parlé à toi ! C’est à elle que je parle, cracha t il en montrant Meg du doigt. Elle m’a quitté comme ça ! Mais je viens prendre ce que je mérite, c’est la Saint Valentin après tout…
Il fit mine de s’approcher. Il se retrouva face à un Dick fort peu amène.
- Tu ferais mieux de partir !
- Si quelqu’un doit la sauter ce soir ce sera moi, mais je peux t’appeler quand j en aurais fini si …
Il n’eut pas l’occasion de finir. Le poing d’un surfeur blond lui fit exploser la mâchoire puis le nez. Duncan s’effondra sous la violence du coup.
- DEGAGE !! Ne t’approche plus d’elle, ne la salis plus ! JAMAIS ! Sache que j’y veillerai !
Duncan ne bougeait pas. Allongé au sol, il était clairement sonné.
Dick se retourna vers Meg, elle était visiblement choquée. Elle sursauta quand il posa sa main sur son bras.
- …
- Ne reste pas là, viens.
Elle ne bougea pas d’un pouce. Il lui prit la main et l’entraîna vers la porte de l’immeuble sans un regard de plus pour l’indigent. Comme une automate, Meg ouvrit la porte de l’immeuble, s’engouffra dans l’ascenseur, puis dans son appartement.
Dick était paniqué à l’entrée de la porte. Timidement il passa la tête pour apercevoir l’intérieur de l’appartement.
Meg se retourna et fut amusée de le découvrir aussi embarrassé.
- Je n’ai pas commandé de portier pour mon anniversaire et tu es trop encombrant pour servir d’ornement de pas de porte ! Entre donc !
Elle avait retrouvé le sourire, et quel sourire ! Ce sourire qui l’habitait depuis des jours et des jours, sabotant ses talents de Casanova. Il se décida à entrer, referma la porte et s’y adossa.
Il réagit alors à ses propos.
- C’est ton anniversaire Meg ?
- Oui Dick ! Officiellement 18 ans aujourd’hui, fanfaronna t elle.
- Et tu es seule ?
- Tu es là …
Piégé.
- Tu as l’art et la manière d’esquiver Miss Manning !
Elle lui fit un clin d’œil.
- Mais j’ai de quoi me faire pardonner…
Elle lui fit signe de la suivre. Une fois à la cuisine, il fut saisi par une odeur alléchante et stupéfait du spectacle qu’il découvrit :
- Quel chantier !
- Dis donc ! Je fais des expériences !
En fait d’expériences, Meg avait transformé sa cuisine en véritable atelier du chocolat.
- Tu veux goûter ou je te montre ?
- Les deux c’est possible ? demanda t’il en s’approchant.
- Hum je ne sais pas… répondit elle avec une moue concentrée.
- S’il te plait…
Il la regardait avec une telle intensité qu’elle faillit se noyer dans ses yeux clairs. Elle se ressaisit. Attrapant un carré elle le lui présenta :
- Croque ce chocolat ! dit-elle du bout des lèvres.
Il déglutit et goûta à la bouchée.
- Verdict ?
- Il parait si simple mais il cache bien son jeu. Piment ?!
Elle acquiesça, triomphante. Le regard qu’il posa ensuite sur elle la troubla.
- Et ma leçon ?
Elle rit.
- Truffes !
- Quoi ?
- Pousse-toi !
Elle l’écarta, attrapa le chocolat amer et la pâte qu’elle avait préparé avant de sortir, posa le tout sur le comptoir. Elle saupoudra ensuite le comptoir de chocolat et coupa des morceaux de pâte molle.
Elle prit l’une des mains de Dick, y plaça l’un de ces morceaux et commença à le faire rouler. Elle releva les yeux et croisa son regard.
Il baissa les yeux et continua seul. Concentré. Elle le laissa faire, amusée, et partit à la cuisinière.
Elle se concentra sur sa casserole, remuant son mélange, consciencieusement. Elle fut surprise de le sentir derrière elle.
- Que fais-tu ?
- De la ganache, c’est prêt.
Il la contourna pour la poser sur le comptoir. Elle découvrit le plateau de truffes.
- Que veux-tu en faire ?
- Je ne sais pas ?
Il la regarda en arquant un sourcil.
- C’était pour m’occuper.
- Pour t’occuper ?
- Oui … Murmura t elle.
- Je te perturbe ?
- … Tu veux goûter ?
- L’art d’esquiver, hein ?!
Elle lui tendit la cuillère. Il approcha sa bouche mais mutine elle lui caressa la joue avec. Il la regardait impassible, les yeux pétillants.
Audacieuse, elle fit l’autre joue, les lèvres.
- Satisfaite ?
- Assez …
Il plongea son doigt directement dans la casserole. Elle se retrouva avec un collier dessiné le long de la base de son cou. Ce contact délicat l’électrisa.
- Joyeux anniversaire Meg …
- Tu n’aurais pas du, c’est beaucoup trop !
Il plaça son index sur son nez. Et voilà Meg avec le museau du petit ours brun.
- Tu es magnifique... lâcha t il d’une voix rauque.
- C’est cela oui …
- Si j’osais, je dirais même à croquer…
Elle ne répondit pas, ne sourit pas. Son cœur battait comme un fou, résonnant dans chaque partie de son corps.
Il l’attira à lui pour déposer ses lèvres sur les siennes. Doucement. Il lui caressait les lèvres de ses baisers.
- Elle est réussie ma ganache, je suis contente…
Il rigola.
- Tu es sûre ?
Elle plissa les yeux. Il se pencha vers elle pour embrasser la base de son cou…
Quelque chose explosa en elle, libérant des milliers de frissons.
- Tu manges mon cadeau ? demanda t elle dans un souffle.
- Permission accordée ?
- Hum …
Pendant qu’elle faisait mine de réfléchir, il retrempa son doigt dans le chocolat et entrepris un nouveau dessin. Cette fois ci il s’éloigna de la base de son cou. Ecartant la tunique, il dessina le tracé d’une épaule et laissa son doigt descendre lentement.
Cette douce caresse la rendait folle. Elle avait fermé les yeux, elle savourait chaque seconde.
Puis plus rien.
Elle rouvrit les yeux.
Il semblait attendre son aval. Elle était pétrifiée. Qu’était-elle sensée faire ?
Son corps s’impatientait. Elle déglutit, puis le fixant elle déboutonna les premiers boutons de sa tunique.
- Il parait qu’un bijou est fait pour mettre en valeur un décolleté…
- Ah oui ?!
Sa voix était rocailleuse. Elle sentait sa chaleur. Sa retenue la rassurait et l’exaspérait. C’était lui. C’était maintenant.
Elle le défia du regard. Il la contempla, la détailla. Figé.
Elle lui caressa la joue, la lui embrassa.
Il hésitait, il voulait la préserver, l’…. Oui. L’aimer.
Elle se détourna soudain. Combien de temps était il resté muet ? Immobile ? Il sentit qu’il l’avait blessé.
Il la rattrapa dans le couloir. L’enserra et la tenant dos à lui, lui dévora le cou tendrement, sensuellement. Elle s’appuyait de tout son poids contre lui, guida ses mains sur la peau de son ventre, sur les boutons de son jean. N’y tenant plus elle pivota.
- Tu as mangé tout mon cadeau…
Il sourit.
- Il m’en faut un autre …
- Tu as idée de ce que tu veux ?
- Toi !
Ses doutes s’étaient enfuis avec la caresse de ce petit mot, la caresse des doigts de Meg.
Il la prit dans ses bras, lui montrant que lui aussi la voulait elle, ne voulait qu’elle.
Il l’allongea sur le lit impeccable. Rapidement les vêtements partirent compléter la décoration sommaire de la chambre.
Elle était nue. Belle. A lui …
Il la couvrit de baisers. Le goût du chocolat se mêlait au goût de sa peau. Les yeux fermés elle semblait savourer chacune de ses caresses.
A cheval sur elle, il sourit et interrompit ses caresses.
Elle ouvrit rapidement un œil. Il plongea son regard dans le sien et se pencha sur elle.
- Oui ?
- Pourquoi tu t’arrêtes ? souffla t-elle.
Il encadra son visage de ses mains.
- Tu es sûre de toi ?
Elle sourit et se redressa pour l’embrasser. Instinctivement les mains de Dick se promenèrent à nouveau sur son corps.
Audacieuse, Meg finit par laisser les siennes glisser sur le corps de celui qui lui procurait déjà du plaisir. Puis elle murmura à son oreille :
- Et toi ?
Il la regardait hypnotisé.
- Tu me hantais depuis cette heure de colle que l’on a passé ensemble … ton cours m’a rendu fou, tes doigts sur les miens, tes regards plein de défi … J’ai envie de toi Meg.
Il lui déposa un baiser sur les lèvres. Elle y mit fin, souriante et lui chuchota en rougissant :
- Fais-moi découvrir l’amour…
Il la caressa de nouveau de ses lèvres, lui fit l’amour tendrement puis passionnément. Le chocolat, la sensualité avaient mis le feu à leur sens.
Une première fois pour elle, une renaissance pour lui.
Pour tous les deux une Saint Valentin inoubliable.